Témoignage de son fils René MONTET.
Il ne m’est pas possible de poursuivre la quête de témoignages chez ses amis sans y ajouter une touche particulièrement importante et personnelle sur la mystique et la profondeur spirituelle de mon Père, Maurice MONTET.
Quand je suis allé préparé la messe de funérailles avec le Père DESROCHES, curé de Thizy, celui-ci m’accueillit par cette phrase : » J’ai passé avec votre Père une heure d’une IN-TEN-SI-TE EXCEPTIONNELLE ! » J’en étais convaincu. Vais-je savoir retracer quelques lignes de son parcours intime vers cette ultime étape ?
Né au Faubourg Mulsant à Roanne le 25.03.1905 il fut baptisé le 2/4/1905 en l’Eglise STE ANNE.
Mes souvenirs débutent avant la guerre de 1939. Quand j’ai vu mon père sculpter une petite statue de Ste Thérèse de L’Enfant Jésus. Elue gardienne de la famille MONTET Elle semble avoir à plusieurs occasions ( ?) justifié la confiance familiale au cours de ses tribulations. Le dimanche, Jour du Seigneur, est une fête. Nous habitons loin de l’Eglise de Thizy, mais sommes toujours les premiers arrivés pour la messe dominicale à 6 heures du matin. Le fait d’être à jeun nous vaut de temps à autre de « tomber dans les pommes ». A la maison MONTET on dit « virer sur la carosserie».
Le décès à 12 jours de Marie-Thérèse, ma petite sœur m’apporte tristesse et la vague notion d’un ciel où elle sera heureuse. Après l’enterrement mon père, lui, prend ses pinceaux pour traduire son désespoir.
En 1944, nous déménageons pour le Bois-Semé. J’ai 10 ans. Mon Père aura plus de contacts qui vont lui faciliter son cheminement vers la FOI. C’est une période où de nombreuses parutions ou vies de saints permettent de se cathéchiser. J’aurai l’occasion d’en profiter par la suite. Le Père CHEVRIER, le CURE D’ARS, DON BOSCO, CHARLES DE FOUCAUD, ST FRANCOIS D’ASSISE, PADRE PIO, THERESE NEUMANN, MARTHE ROBIN, LOURDES ,FATIMA…
On entend parler du Prado de Lyon. MONTET part en quête de tissus dans les tissages thizerots au profit de cet organisme. Des hommes vont appuyer ses convictions : l’Abbé PLASSE, vicaire à Thizy, Lucien COUDURIER, chirurgien-dentiste à Thizy, Louis SEVELINGES, Pharmacien à BOURG DE THIZY. Les vicaires se succèdent à Thizy, et conservent l’habitude de monter le dimanche après-midi boire le café servi avec plaisir par Marguerite. Ces poses café sont d’ailleurs souvent l’occasion de « confrontations » homériques sur la religion. Mais dans un bon esprit. C’est ce style de discussions qui me permettra plus tard d’avoir avec mon Père mes premières discussions adultes. Parmi ces prêtres, le Père BONNET, le Père THEVENET, Le Père BARRAS, curé de Bourg de Thizy, le père POIZAT.
Il y a une période prêtres ouvriers au cours de laquelle MONTET fréquentera régulièrement.
Charles DUPUIS, petit frère des pauvres, le séminariste Jean POIZAT Ce dernier comme un défi va lui demander de lui faire un calice en fer forgé. MONTET répond présent. Du fer, du feu, une enclume et un marteau. Sa foi va faire le reste. Naît alors un homme agenouillé, les bras tendus en signe d’offrande (propriété de la paroisse de Thizy depuis le décès du Père POIZAT). Une œuvre magnifique. Il va également fabriquer de beaux crucifix en fer forgé, ainsi qu’un beau chemin de croix en place dans l’église de BOURG DE THIZY.
L’art de Maurice MONTET va l’amener en 1948 à entreprendre la restauration de cette belle chapelle en roman primitif (1080) qu’est St GEORGES. Cette opération lui prendra ses week-ends pendant 10ans. Pendant cette période ses amis Albert GOUTTENOIRE et Pierre DURAND seront là pour soutenir son effort par leur visite hebdomadaire fidèle.
Maurice MONTET pratique un culte marial profond et assidu. Je me souviens qu’enfant je me précipitais à mon lever pour l’embrasser mais il m’arrêtait d’un geste. Il était en train de dire son chapelet. Je devais passer en second. Lorsque cessaient ses allées et venues entre la cuisine et la salle à manger je savais que je pouvais me représenter pour la bise.
Sensible au merveilleux il s’intéressera à toutes les manifestations d’apparitions. Particulièrement celles de MEDUGORGE dont il aime projeter la cassette vidéo avec ses Amis
MONTET en 1950 se libère. Il a fait définitivement son choix de n’appartenir qu’à l’art de peindre. Surgissent alors les chemins de croix, les processions de fête-Dieu, les visages de Christ supplicié, sa belle crucifixion, ses projets de vitrail, son Christ en majesté de St Pierre la Noaille (42) en dalles de verre éclatées, ses « intérieurs de chapelle St Georges » son baiser de judas, ses processions à Lourdes ou à Paray-le-Monial, etc.
Car en dépit de son aversion primitive pour le côté mercantile de Lourdes Maurice MONTET va effectuer pendant plus de 15 ans, en tant que brancardier, le pèlerinage diocésain.
MONTET possède un grand charisme. Celui -ci lui a permis de réunir en 1947dans un groupe artistique l’ARC-EN-CIEL des gens d’horizons de sensibilité politique ou religieuse différents. Un rassemblement très constructif.
MONTET est à l’aise avec les exclus, les reçoit au syndicat d’Initiative les peint avec bonheur.
Tout au long de ma recherche pour l’inventaire j’ai rencontré des gens qui m’ont parlé de mon Père avec respect, sensibles au témoignage de foi fréquemment délivré, témoin d’une vie intérieure riche.
OUI, MONTET était un Père qui nous a toujours donné l’exemple d’une grande confiance en la Providence et d’une belle piété. Sa foi était contagieuse. Il est mort en paix pour cette raison.